Un optimisme et une énergie sans faille
Avocat de formation, le jeune Franklin est issu d’une famille aisée de la côte Est.
Il est élu sénateur démocrate en 1910, et se révèle par la suite un fidèle partisan du progressiste président Wilson.
La vie de F. D. Roosevelt bascule en 1921 : une poliomyélite le laisse à demi paralysé.
Mais, à la consternation de tous, et grâce soutien moral de son épouse, Anna Eleanor Roosevelt, il déploie une énergie et un optimisme sans bornes : en 1928, il est élu gouverneur de l’Etat de New York, puis réélu en 1930.
De ce poste, F. D. Roosevelt mesure les effets sociaux désastreux de . Il met au point les premières mesures de secours et vient en aide à un million de chômeurs.
Sa ténacité dans sa gestion de cette crise historique accroît son influence politique.
L’audace du « New Deal »
Candidat démocrate à la présidence des Etats-Unis en 1932, il fonde sa campagne sur la nécessité d’une .
Infirme, mais armé d’une cordialité à toute épreuve, son succès électoral est net avec 57% des voix.
Mais en mars 1933, le pays est en faillite : 13 millions de chômeurs, déroute des banques et de l’agriculture, effondrement du produit national brut.
Roosevelt met en place une série de grands projets d'infrastructures financés par l'État pour relancer l’économie et enrayer le chômage.
Suivent d’autres mesures : importante législation sociale, système fiscal renforcé. Mais son optimisme reste son arme principale : « La seule chose que nous ayons à craindre, c'est la crainte elle-même.» (Discours d’investiture, 4 mars 1933)
Réélu trois fois (1936, 1940, 1944), Roosevelt ne cesse d’étendre les compétences du pouvoir exécutif.
Il cherche à moderniser le capitalisme, sans toutefois souhaiter le détruire. Son administration synthétise d’ailleurs la confrontation entre libéraux, d’une part, et partisans de la planification et de la dépense publique, d’autre part.
Défenseur farouche de la démocratie libérale
En août 1941, Roosevelt et Churchill, signent la Charte de l'Atlantique, devant servir au maintien de la Paix et de la Sécurité internationale.
Lorsque les Japonais attaquent la base américaine de Pearl Harbor en décembre 1941, les Américains sont prêts, grâce à leur Président, à s'engager activement dans la guerre.
Leur rôle sera décisif dans la victoire alliée contre l’Allemagne nazie.
A sa mort qui survient le 12 avril 1945, Roosevelt lègue à son pays un statut inédit, celui de « superpuissance mondiale ». Mais aussi la difficile mission de défendre la démocratie dans un monde où s'annonce déjà la .
Textes de Jean-François Muracciole, Professeur d'histoire contemporaine à l'Université Montpellier III.
Guerre froide
A la fin, de la Seconde Guerre mondiale, Américains et Soviétiques ne tardent pas à rompre la Grande Alliance contre le nazisme. Commence alors un affrontement qui divise le monde en deux blocs et qui ne se termine que par la dislocation de l’URSS en 1991.
La guerre froide présente trois aspects majeurs. Conflit traditionnel, elle oppose deux blocs politiques et militaires (l’OTAN contre le Pacte de Varsovie) qui s’affrontent d’abord pour le contrôle de l’Europe et bientôt du monde. Mais la guerre froide présente aussi une évidente dimension idéologique qui voit deux systèmes s’opposer brutalement (la démocratie libérale associée au capitalisme d’un côté, le marxisme-léninisme de l’autre). Enfin, la donne nucléaire est fondamentale, rendant l’affrontement direct impossible. En effet, la présence massive des armes nucléaires (10 000 têtes nucléaires de chaque côté vers 1970) conduit les Deux Grands à multiplier les conflits périphériques par alliés interposés dans le monde entier. En ce sens, la décolonisation, en multipliant les sources de conflit, est un « carburant » de la guerre froide. La peur de la guerre nucléaire amène aussi Américains et Soviétiques à définir un code de coexistence pacifique (encore appelé « détente ») dont les accords SALT de 1972 constituent l’apogée.
Paradoxalement, alors qu’Américains et Soviétiques n’ont jamais échangé un coup de feu, l’URSS s’écroule en 1991, victime de ses contradictions internes, et non des effets directs de la guerre froide.
Churchill, Roosevelt et Staline lors de la Conférence de Yalta à la fin de la Seconde guerre mondiale (février 1945), et quelques mois avant le début de la Guerre froide.
Crise de 1929
Déclenchée par le krach boursier de Wall Street du 24 octobre 1929 (le « Jeudi noir »), la crise des années 1930 est la plus grave que le capitalisme ait connue. La crise est d’abord financière et américaine par l’éclatement d’une bulle spéculative formée à la fin des années 1920. L’ampleur du krach et la fragilisation du système financier (6000 banques américaines font faillite de 1929 à 1933) transforment vite la tornade financière en crise économique en raison de l’arrêt brutal du crédit. En 1932, les Etats-Unis comptent 13 millions de chômeurs et le PIB a chuté de 35%. La crise s’étend aussi au monde par le brusque retrait des capitaux américains. L’Allemagne, directement touchée, compte 7 millions de chômeurs en 1932.
Face à la crise, les Etats ont été incapables de développer des politiques coopératives et se sont réfugiés dans des mesures unilatérales : vague sans précédent de protectionnisme (qui provoque une chute de 50% du commerce mondial), dévaluations agressives (la livre de 30% en 1931, le dollar de 40% en 1934, le franc de 50% entre 1936 et 1938), tentation autarcique (en particulier en Allemagne), repli sur les domaines coloniaux (Grande-Bretagne, France). La crise constitue incontestablement un maillon important dans la chaîne de causalité qui conduit à la Seconde Guerre mondiale.
La crise est aussi l’occasion d’une révolution de la pensée économique. L’économiste britannique John Maynard Keynes publie en 1936 la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie qui préconise des politiques de relance par le déficit budgétaire de l’Etat.
Eleanor Roosevelt (1884-1962), militante engagée en faveur des plus humbles et des droits des femmes, épouse de F.D. Roosevelt, servant de la soupe à des chômeurs au restaurant Grand Central à New York en 1932.
New Deal
Le slogan de la campagne de Roosevelt, en 1932, est un terme de poker que l’on peut traduire par « Nouvelle Donne ». Ni socialiste, ni inspiré par Keynes, le New Deal repose avant tout sur une série de mesures d’urgence et souvent contradictoires qui visent à sortir l’Amérique de la crise. Associant strict équilibre budgétaire, grands travaux (comme l’aménagement de la vallée du Tenessee), emploi direct de chômeurs, dévaluation du dollar, stimulation de l’industrie (loi du NIRA), le New Deal fait feu de tout bois. A partir de 1935, dans la perspective de la campagne présidentielle de 1936, Roosevelt lui donne un contenu plus social avec l’ébauche d’une protection sociale. En 1939, par l’engagement d’un déficit budgétaire délibéré, le New Deal se place dans le sillage des théories de Keynes.
Le bilan économique est médiocre : belle reprise de 1933 à 1937, mais très sévère rechute en 1938 (11 millions de chômeurs). En définitive, c’est la guerre (décembre 1941), par les gigantesques commandes de l’Etat, qui tire véritablement les Etats-Unis de la crise et les hisse sur une exceptionnelle trajectoire de croissance.
Le géant industriel. La nouvelle politique intérieure de Franklin Delano Roosevelt.
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